Contrefaçon et terrorisme, amis intimes ?

L’Union des Fabricants publie un rapport qui tentent de prouver que la vente de faux produits financerait les activités terroristes et de nombreuses organisations criminelles.

Activités terroristes et contrefaçon ! M. Christian Peugeot, président de l’Union des Fabricants (Unifab), association française de lutte anti-contrefaçon, regroupant plus de 200 entreprises en France, a remis officiellement mercredi 28 janvier 2016 à M. Michel Sapin, ministre du budget et des finances, son rapport « Contrefaçon et Terrorisme ». Cette publication tente de démontrer, exemples à l’appui, que la contrefaçon constitue aujourd’hui un mode de financement privilégié des groupes terroristes. Des groupes qui organiseraient la fabrication et la distribution de faux produits pour alimenter leurs opérations.

De nombreuses organisations ont été identifiées dans ce rapport parmi lesquelles l’IRA, l’ETA, le HEZBOLLAH, le HAMAS, les FARC, la D COMPANY d’Inde, AL QAÏDA, le LASHKAR-E-TAIBA du Pakistan… Chacune spécialisée dans les contrefaçons de médicaments pour l’homme ou à usage vétérinaire, de maroquinerie, de jeux vidéo, de timbres fiscaux, de cigarettes, de biens alimentaires, de chaussures de sport… sans omettre, ni épargner aucun secteur d’activité de l’économie internationale.

À plus petite échelle, indique ce rapport, la contrefaçon permettrait aux terroristes « low cost » de soutenir financièrement leur radicalisation (dépenses courantes, voyages, achats d’armes, de téléphones, de matériel…), tout en passant inaperçus, comme l’ont souligné les attentats, revendiqués par DAESH, en janvier et novembre 2015 à Paris.

La contrefaçon, un choix logique pour les groupes criminels

La vente de contrefaçons est malheureusement un choix logique pour les terroristes car elle permet un large profit pour un investissement relativement faible, les sanctions sont peu dissuasives car les pouvoirs publics la catégorisent comme de la « petite délinquance », et les consommateurs n’ont pas conscience qu’acheter un faux produit c’est financer le terrorisme. L’e-commerce fait également exploser la distribution de contrefaçons car le trafic s’est professionnalisé profitant du sentiment d’anonymat et d’impunité que confère Internet, de la facilité de création et de mutation des sites, et surtout de la législation trop permissive qui  laisse le champ libre aux contrefacteurs, malgré les risques encourus par les consommateurs.

« Nous devons tous être conscients de la réalité de la contrefaçon aujourd’hui et ce rapport devrait permettre d’accélérer la mise en place de mesures efficaces pour stopper son développement. 10 recommandations suggérées par l’Unifab, pour agir de manière effective et coordonnée, ont été pensées : l’harmonisation des législations européennes et internationales, la condamnation de la contrefaçon comme financement du terrorisme, la spécialisation des juridictions, le renforcement de l’action sur internet, la responsabilisation de tous les intermédiaires, l’élaboration d’outils innovants pour mieux réagir à cette menace, le renforcement de la coopération internationale, le durcissement des sanctions  pour qu’elles deviennent réellement dissuasives, l’amélioration de la réponse opérationnelle, et une meilleure sensibilisation des acteurs et de l’opinion publique. » indique M. Christian Peugeot, président de l’Unifab.

Exemples avec la D-Company et les Frêres Kouachi

A l’origine, la D-Company est une organisation criminelle qui tire son profit du narcotrafic, du trafic d’armes, du trafic de métaux précieux, de la prostitution, de la contrefaçon et de l’extorsion. Une   Organisation criminelle dirigée par l’Indien Dawood Ibrahim. Ce gang participerait à différentes activités criminelles et terroristes islamistes en Asie du Sud, particulièrement à Mumbai en Inde et dans la région du golfe Persique. Au début des années 1990, la D-Company décide d’infiltrer l’industrie indienne du cinéma. Elle contrôle aujourd’hui l’essentiel du marché noir de la contrefaçon de produits culturels à Bombay. La D-Company aurait très vite développé des liens avec Al-Qaïda et d’autres groupes terroristes du Cachemire. Son implication dans les attentats de Bombay en 1993, qui ont fait 257 morts, est d’ailleurs communément reconnue.

En France, les frêres Kouachi, et plus précisément Chérif Kouachi, les tueurs de janvier 2015, aurait envoyé via Western Union plus de 8 000 euros en Chine. « Ces transferts correspondent à des chaussures de contrefaçon. Elles étaient achetées en Asie avant d’être revendues par Kouachi en France et en liquide. Une partie des armes aurait été acquise via ce trafic ». Hélène Crocquevieille, directrice générale des Douanes et droits indirects a déclaré à ce sujet que « le trafic de chaussures de sport par les frères Kouachi a mis en exergue le lien étroit entre la contrefaçon et le financement du terrorisme ».

Au sujet de l'auteur
Damien Bancal - Fondateur de ZATAZ.COM / DataSecurityBreach.fr Travaille sur les sujets High-tech/Cybercriminalité/Cybersécurité depuis 1989. Gendarme réserviste - Lieutenant-Colonel (RC) ComCyberGend. Fondateur du Service Veille ZATAZ : https://www.veillezataz.com En savoir plus : https://www.damienbancal.fr

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