Billets de concert : aprés JUL, l’été du grand piratage

Le grand retour des concerts fait rêver les fans… mais aussi transpirer d’angoisse. Entre faux sites de billetterie et spéculation sauvage, la saison 2025 s’annonce périlleuse pour décrocher le précieux sésame. Certains fans de JUL en ont déjà fait les frais !

À l’approche de l’été, les amateurs de musique vivent un cauchemar. Tandis que les artistes enchaînent les tournées et que les festivals battent leur plein, les réseaux de fraude et de spéculation s’intensifient, privant de nombreux fans de concerts tant attendus. Entre faux sites, prix exorbitants et pratiques douteuses, l’univers de la billetterie est devenu un terrain miné.

Ce matin, dans l’émission « Ça peut vous arriver » sur M6 et RTL, chez qui je suis chroniqueur cyber/web, le sujet a été mis en lumière : les faux billets pullulent, notamment à l’approche des événements phares. Selon ZATAZ, une plateforme spécialisée en cybersécurité, plusieurs dizaines de faux sites de billetterie ont été repérés ces dernières semaines.

Pour Jul, superstar du rap français, une dizaine de domaines frauduleux ont émergé, tandis que l’excellent site RedFlag en a recensé cinq supplémentaires. Une inquiétante dynamique repérée par ZATAZ s’est formée entre le 5 et le 7 avril, avec des ouvertures coordonnées de faux sites vendant des billets à prix cassés. L’adresse mail [email protected], par exemple, a servi à piéger de nombreux fans. Le piège est simple : des adresses en .fr, des offres séduisantes et un sentiment d’urgence savamment entretenu.

« Certains faux sites semblaient parfaitement authentiques, utilisant même les visuels officiels des artistes », alerte ZATAZ Watch.

Et Jul n’est pas seul concerné. Des fausses plateformes ont aussi visé les fans de Julien Doré, Black M ou encore Lady Gaga. Dans ce dernier cas, la riposte a été rapide : l’équipe juridique de la pop star, aguerrie aux litiges numériques, n’a pas hésité à engager des actions musclées pour fermer ces sites pirates.

Si l’arnaque aux faux billets frappe fort, l’autre fléau s’incarne dans l’envolée vertigineuse des prix officiels. Le phénomène a fait la une du New York Times, dénonçant un système où « quelqu’un, quelque part, a décidé que les dernières places de concert devraient coûter bien plus cher ». Une critique qui cible directement la politique de prix dynamique de grandes plateformes comme Ticketmaster.

Pour Bruce Springsteen [Il sera à Lille, fin mai 2025], la légende du rock américain, les fans ont vécu en 2022 une expérience éprouvante : des listes d’attente virtuelles interminables et, au final, des billets vendus entre 200 dollars et 5 500 dollars (entre 187 € et 5 170 €).Un véritable ascenseur émotionnel : la tarification évolutive propulse les prix au sommet, au gré d’une demande affolée. Cette même année, au Stade de France, des milliers de supporters anglais débarquent pour la finale de la Ligue des champions. Leur billet en poche ? Faux, pour beaucoup. Tricheurs organisés ? Victimes de pirates numériques ? Pions manipulés par des réseaux malveillants, voire étatiques ? Imaginez la scène : des foules entières de fans frustrés, chauffés à blanc. Une étincelle, et c’est l’émeute… Pour pas cher.

« Lors des grandes tournées, jusqu’à 80 % des billets peuvent être captés par des bots en quelques minutes »

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Scalpers

Derrière cette spéculation se cachent des acteurs multiples. Les revendeurs professionnels — appelés scalpers — sont en première ligne. À l’aide de logiciels ultra-rapides (des bots), ils achètent des milliers de billets dès leur mise en vente. Objectif : les revendre à prix d’or sur des plateformes secondaires comme Viagogo ou StubHub. En 2018, la FIFA avait attaqué en justice Viagogo pour revente illicite de billet pour la Coupe du Monde de Football en Russie. Dans cette ruée vers l’or, certaines sociétés de billetterie elles-mêmes flirtent avec la ligne rouge : elles réservent un stock de billets pour les revendre ensuite en packs VIP ou en offres premium, souvent sans grande transparence.

À ces pratiques industrielles s’ajoutent les investisseurs opportunistes. De simples particuliers flairent la bonne affaire : acheter en masse, attendre que la tension monte, puis revendre au plus offrant. Même certains fans organisés, soucieux de remplir les salles de « vrais » passionnés, ont recours à ces méthodes, bien que cela soit désormais marginal.

Face à ce chaos, la lutte s’organise. Les organisateurs innovent pour contrer les bots et les spéculateurs : inscriptions préalables, files d’attente virtuelles, billets nominatifs et contrôle renforcé à l’entrée. Aux États-Unis, une première législation — le BOTS Act de 2016 — tente d’endiguer le problème. L’Europe, elle aussi, commence à prendre la mesure de la menace et réfléchit à des lois similaires pour protéger les consommateurs.

Le BOTS Act

Le BOTS Act est une loi qui déclare la guerre aux bots de billetterie En 2016, face à la flambée des reventes de billets à prix d’or, les États-Unis ont adopté le BOTS Act. Signée par Barack Obama, cette loi interdit l’usage de logiciels automatisés (bots) pour acheter en masse des billets de concerts, spectacles et événements sportifs. Ces bots raflent les places en quelques secondes, privant le public d’un accès équitable et alimentant la revente à prix gonflés – parfois jusqu’à 1000 % au-dessus du tarif officiel ! Résultat : chaque infraction expose les fraudeurs à une amende de 16 000 $. La Federal Trade Commission (FTC) veille au grain, épaulée par les États qui peuvent lancer des actions collectives.

Mais la bataille est rude. Les hackers malveillants redoublent d’inventivité, créant de nouveaux outils pour déjouer les sécurités en place. Certaines plateformes expérimentent la billetterie blockchain, promettant des billets infalsifiables et une traçabilité totale. Une solution encore balbutiante, mais porteuse d’espoir.

En attendant, les fans doivent redoubler de vigilance. Vérifier systématiquement l’authenticité des sites, se méfier des offres trop belles pour être vraies, privilégier les canaux officiels : autant de réflexes indispensables pour ne pas tomber dans le piège.

Pour finir, JUL rappel dans son morceau « Phénoménal » : « Dans l’four, des plaques, plaques, ça coupe, ça t’arnaque, ça t’troue. » Bref, ne tombez pas dans les prochaines arnaques … même si dans ces paroles on ne parle pas du web !

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Au sujet de l'auteur
Damien Bancal (damienbancal.fr) est un expert internationalement reconnu en cybersécurité. Il a fondé le projet Zataz en 1989. Il s'est imposé comme une figure majeure dans ce domaine, contribuant à la sensibilisation et à la protection des internautes contre les cyberattaques. ZATAZ.COM est devenu une référence incontournable en matière d'information sur la sécurité informatique et les cybermenaces pour le grand public. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages (17) et articles (plusieurs centaines : 01net, Le Monde, France Info, Etc.) qui explorent les divers aspects du piratage informatique et de la protection des données. Il a remporté le prix spécial du livre du FIC/InCyber 2022. Finaliste 2023 du 1er CTF Social Engineering Nord Américain. Vainqueur du CTF Social Engineering 2024 du HackFest 2024 (Canada). Damien Bancal a également été largement reconnu par la presse internationale dont le New York Times, qui souligne non seulement son expertise mais aussi son parcours inspirant. Enfin, il figure parmi les personnalités les plus influentes dans la cybersécurité, comme le souligne Le Big Data, et a été classé parmi les 500 personnalités tech les plus influentes en 2023 selon Tyto PR. 9ème influenceur Cyber d'Europe. Chroniqueur TV et Radio (France Info, M6, RTL, Medi1, Etc.) Réserviste de la Gendarmerie Nationale (Unité Nationale Cyber - réserve volontaire citoyenne) et de l'Éducation Nationale Hauts-de-France. Médaillé de la Défense Nationale (Marine Nationale) et de la médaille des réservistes volontaires de défense et de sécurité intérieure. (Gendarmerie Nationale). Entrepreneur, il a lancé en 2022 la société veillezataz.com.

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