Cyberattaque : 45% du cyber Iranien perturbé !
Août 2024, l’Iran a été frappé par une cyberattaque massive qui a mis en péril son système bancaire. Cette attaque, attribuée au groupe de hackers IRLeaks, a ciblé près de 20 banques iraniennes, compromettant les données personnelles et les informations bancaires de millions de citoyens.
Face à la menace de voir ces données vendues sur le dark web, l’Iran a dû négocier et payer une rançon d’au moins 3 millions de dollars en cryptomonnaie pour éviter des répercussions économiques encore plus graves.
Le groupe IRLeaks, déjà connu pour avoir piraté des entreprises iraniennes par le passé, avait initialement réclamé 10 millions de dollars avant de revoir à la baisse ses exigences. La cyberattaque a provoqué la fermeture temporaire des distributeurs automatiques de billets à travers le pays, bien que les autorités iraniennes n’aient pas officiellement reconnu l’ampleur de l’incident.
Ce type d’attaque met en lumière la fragilité du système bancaire iranien, déjà affaibli par les sanctions internationales et une inflation galopante. Le régime craignait que la divulgation de cet événement ne provoque une crise de confiance dans le secteur financier, potentiellement déstabilisant l’économie nationale.
L’entreprise iranienne Tosan, qui fournit des services numériques au secteur bancaire, a été utilisée comme porte d’entrée pour cette attaque.
Ce cas souligne également la montée des attaques de ransomware à l’échelle mondiale, les cybercriminels exploitant les failles des systèmes financiers pour obtenir des rançons. (Source : Politico)
À ce jour, environ 10 bitcoins, soit environ 561 000 dollars, ont été transférés vers le portefeuille des cybercriminels. Ce premier versement a permis de gagner du temps, mais il est évident que Tosan devra continuer à effectuer des paiements pour empêcher la divulgation ou la vente des données volées.
L’Iran, une cible presque comme les autres !
L’Iran n’en est pas à sa première cyberattaque massive contre ses infrastructures économiques. Irleaks, qui affirme agir seul, avait déjà mis en vente, comme ZATAZ l’avait rapporté en décembre, plus de 160 millions de dossiers de données personnelles appartenant aux clients de 23 grandes compagnies d’assurance iraniennes. Ces dossiers comprenaient des informations sensibles telles que les noms, prénoms, dates de naissance, numéros de téléphone, codes nationaux et autres identifiants confidentiels.
Un échantillon de ces données avait été rendu public, et ZATAZ avait pu vérifier la présence de numéros de passeports et d’autres renseignements personnels, confirmant ainsi l’authenticité de la fuite. A l’époque Irleaks expliquait que son activité principale : « Consiste à infiltrer des sites iraniens importants et à vendre les informations obtenues. » Les informations volées à l’assureur Bimeh (Asia, Razi, Sina et Hafez) avait vu ses 43 millions de données volées (noms, prénoms, dates de naissance, noms des pères, numéros de téléphone/portable, numéros de cartes d’identité, codes nationaux, codes d’entreprise, etc.) revendu entre 1 500 et 10 000 dollars américains.
Le 30 décembre, Irleaks a revendiqué une autre cyberattaque, cette fois-ci contre SnappFood, la plus grande plateforme de commande de nourriture en ligne d’Iran, affirmant avoir volé 3 téraoctets de données contenant des informations très sensibles. SnappFood avait confirmé les tentatives de piratage. Irleaks semble être un habitué des logiciels Stealer.
Iran : Les stations-service de plus en plus vulnérables face aux cyberattaques
Le vice-président iranien Mohammad Reza Aref a récemment exprimé de vives préoccupations quant à la vulnérabilité des stations-service iraniennes face aux cyberattaques, un problème qui prend de l’ampleur alors que le gouvernement envisage une augmentation des prix du carburant. Lors de la présentation du nouveau ministre du Pétrole, Aref a appelé à une réaction urgente pour renforcer la cybersécurité des infrastructures critiques, suite à une série d’attaques ayant gravement perturbé l’approvisionnement en carburant à travers le pays.
Les cyberattaques visant les installations pétrolières et, plus particulièrement, le réseau de distribution des stations-service en Iran, sont devenues une menace récurrente. En décembre 2023, une attaque majeure a touché environ 60 % des 4 396 stations-service iraniennes, paralysant près de 3 800 stations à travers le pays. Cette attaque a été attribuée à des hackers liés à Israël et aux États-Unis, et revendiquée par un groupe connu sous le nom de Predatory Sparrow.
Ce groupe, déjà connu pour ses actions contre les infrastructures iraniennes, a affirmé que l’attaque était une réponse aux actions de la République islamique dans la région. Bien que l’objectif de l’attaque ait été de perturber le système de distribution numérique du carburant, le groupe a précisé que des précautions avaient été prises pour ne pas affecter les services d’urgence. Le réseau de stations-service iranien repose sur un système d’allocations de carburant subventionné, distribué via des cartes mensuelles.
Des perturbations majeures dans la distribution de carburant
L’attaque de décembre 2023 a gravement perturbé la distribution de carburant, obligeant de nombreux conducteurs à travers le pays à attendre plusieurs jours avant que le service ne soit entièrement rétabli. Bien que les autorités iraniennes aient annoncé que les stations-service étaient de nouveau fonctionnelles en 48 heures, des médias locaux ont rapporté que des problèmes de distribution ont persisté bien au-delà de ce délai, amplifiant la frustration des utilisateurs.
Ce type de cyberattaque n’est pas sans précédent en Iran. En octobre 2021, une attaque similaire revendiquée par le même groupe avait déjà paralysé environ 4 300 stations-service. À cette occasion, des panneaux d’affichage à Téhéran avaient été piratés pour afficher un message provocateur adressé au Guide suprême Ali Khamenei : « Où est l’essence, Khamenei ?« . Cette attaque s’était produite juste avant le deuxième anniversaire des manifestations de novembre 2019, déclenchées par une hausse brutale des prix du carburant, mettant une nouvelle fois en lumière la sensibilité de cette question en Iran.