Je fais la guerre à la Russie à coups de mails !

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Rencontre avec un internaute qui a décidé de manifester son désaccord à l’encontre de la guerre Russo-ukrainiennes en diffusant des dizaines de millions de courriels.

Nous l’appellerons Pontianak, il a 16 ans. Il vit en Asie. Même si cet internaute ne nous a pas indiqué précisément son lieu de vie, sa capacité de nous parler en Anglais et Espagnol pourrait laisser penser une existence du côté des îles Malaisiennes. Un détail de géolocalisation qui importe peu. Depuis plusieurs mois, cet adolescent a décidé de manifester, à sa façon, à l’encontre de la guerre russo-ukrainiennes. « Je me suis senti concerné. Une image ma marqué, une maman et son enfant obligés de partir, laissant le papa dans le pays, sans être sûr de le revoir un jour. J’ai pleuré !« 

Alors que de nombreux pirates et autres hacktivistes ont rejoint des cyberarmées montées à la sauvette de part et d’autre du conflit, lançant des DDoS et des exfiltrations de données [dont les résultats auprès des populations restent à définir], Pontianak a préféré contacter, directement, les Russes. « Je me suis dit qu’il fallait leur écrire, leur expliquer ce qui se passait, qu’il fallait tout faire pour la paix« .

Opération ANTIWAR

Pontianak a récupéré, très rapidement, un ensemble d’outils dédiés à ce qu’il appelle : opération ANTIWAR. « Dès février 2022, un kit a été diffusé par des hacktivistes. Il contient plus de 100 millions d’adresses électroniques et des messages que je diffuse une fois par semaine« . ZATAZ a pu avoir accès aux outils. Les courriels, plus de 100 millions d’adresses électroniques. 90% sont des .ru, des courriels à destination de russes. Certaines bases de données constituées uniquement d’adresses mails contiennent aussi des .fr, .be, Etc.

Pontianak exploite une quinzaine de ces bases de données (+ 60 millions d’adresses électroniques), il diffuse ses messages par le biais de sites web « piratés » et qui servent à diffuser les messages. « J’utilise les techniques des spammeurs, mais je fais de maniére à ne pas nuire au site que j’exploite pour diffuser les courriels« . Il avoue, cependant, que plusieurs fois les sites web sont tombés en panne, car trop sollicités par l’outil de diffusion des messages. « Je suis un Toyol, je profite de leur erreur pour m’en servir« . [Toyol : petit démon]

Les messages envoyés sont à destination des familles russes et des soldats : « Soldats russes ! Si vous pensez que vous allez à un exercice, en fait vous êtes envoyés en Ukraine À LA MORT. » affiche l’un des courriels. Efficace ? « Je n’en sais rien, explique Pontianak, J’espère que le message passe et que les gens le lisent et réagissent. Qu’ils se sentent soutenu par des internautes qui veulent la Paix« .

Ps : Pontianak a été rencontré sur un Telegram Malaisien. Je ne suis pas dupe, c’est un pirate qui, avec d’autres camarades membre du groupe Penanggalan, diffusent aussi des phishing/hameçonnages afin de collecter des données bancaires. Son histoire me fait espérer qu’il existe un peu d’espoir, même dans un démon 2.0.

Au sujet de l'auteur
Damien Bancal (damienbancal.fr) est un expert internationalement reconnu en cybersécurité. Il a fondé le projet Zataz en 1989. ZATAZ.com est devenu une référence incontournable en matière d'information sur la sécurité informatique et les cybermenaces pour le grand public. Avec plus de 30 ans d'expérience, Damien Bancal s'est imposé comme une figure majeure dans ce domaine, contribuant à la sensibilisation et à la protection des internautes contre les cyberattaques. Sa carrière est marquée par une forte implication dans l'éducation à la cybersécurité, notamment à travers des conférences et des publications spécialisées. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages (16) et articles (plusieurs centaines : 01net, Le Monde, France Info, Etc.) qui explorent les divers aspects du piratage informatique et de la protection des données. Il a remporté le prix spécial du livre du FIC/InCyber 2022. Médaille d'argent du 1er CTF Social Engineering Canadien, en 2023, lors du HackFest de Québec. Damien Bancal a également été largement reconnu par la presse internationale dont le New York Times, qui souligne non seulement son expertise mais aussi son parcours inspirant. Par exemple, un portrait de La Voix du Nord le décrit comme "Monsieur Cybersécurité", soulignant son influence et son rôle essentiel dans ce domaine. Enfin, il figure parmi les personnalités les plus influentes dans la cybersécurité, comme le souligne Le Big Data, et a été classé parmi les 500 personnalités tech les plus influentes en 2023 selon Tyto PR. Chroniqueur TV et Radio (France Info, M6, RTL, Medi1, Etc.) Volontaires de la réserve citoyenne - Gendarmerie Nationale et de l'Éducation Nationale. Médaillé de la DefNat (Marine Nationale) et de la MSV (Gendarmerie Nationale). Entrepreneur, il a lancé en 2022 la société veillezataz.com.

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