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L’EU-US privacy shield : le bouclier à une surveillance de masse des USA ?

L’affaire Snowden révélant une collecte massive des données par la NSA avait balayé sur son passage le Safe Harbor qui encadrait les transferts transatlantiques de données.

Le bouclier « EU-US Privacy Shield (ou « bouclier de l’Union européenne et des États-Unis pour la protection de la vie privée ») conclu le 2 février dernier permettra-t-il de sécuriser suffisamment le transfert des données des citoyens européens vers les États-Unis ?

La nécessité de pallier l’annulation du Safe Harbor

La Cour de justice de l’Union européenne avait en effet considéré que ce dernier ne garantissait pas aux citoyens européens un niveau suffisant de sécurité (CJUE, 6 octobre 2015). Depuis lors, tout transfert transatlantique de données était interdit sauf dans le cadre des clauses contractuelles types ou des Binding Corporate Rules (BCR). A défaut, toute personne réalisant un tel transfert s’exposait en principe à une peine d’amende de 300 000 euros et 5 ans d’emprisonnement (articles 226-16, 226-16 A et 226-22-1 du Code pénal). Le G29 réunissant les CNIL européennes a néanmoins récemment précisé que dans l’attente de l’entrée en vigueur de l’« EU-US Privacy Shield », les entreprises pourraient continuer à exporter les données des citoyens européens vers les Etats-Unis sans être inquiétées.

Le bouclier « EU-US Privacy Shield », un palliatif suffisant ?

Lundi dernier, la Commission européenne a présenté les documents juridiques qui formeront le bouclier « EU-US Privacy Shield » visant à pallier l’annulation du Safe Harbor ainsi qu’une communication résumant les actions qui seront menées. Elle fait ainsi état des courriers du gouvernement américain énumérant les garanties apportées aux données transférées vers les Etats-Unis, ainsi que des principes que devront respecter les entreprises.

Ce texte prévoit également la mise en place d’un médiateur (dit « ombudsman ») au sein du Département d’Etat américain ayant un rôle de référent à l’égard des éventuelles plaintes des citoyens européens concernant l’accès à leurs données. Les citoyens s’estimant lésés pourront avoir recours à un mécanisme d’arbitrage.

Max Schrems ayant formé le recours devant la CJUE à l’encontre du Safe Harbor prévoit dès à présent d’attaquer ce nouvel accord considérant qu’il présente des garanties insuffisantes. C’est également le point de vue de Jan Philipp Albrecht, député Vert, qui a déploré le manque de modifications significatives vis-à-vis du Safe Harbor.

La commissaire européenne chargée de la justice, Vera Jourova, estime au contraire que le nouveau cadre juridique est « solide » relevant que « pour la première fois » les américains ont apportés des garanties écrites sur les limites de l’accès aux données pour des raisons liées à la sécurité nationale.

Les CNIL européennes ont également salué ce nouvel accord, mais rendront leur avis définitif fin mars. Il appartiendra ensuite à la Commission européenne dans le cadre d’une « décision d’adéquation » de déclarer si les engagements américains présentent ou non un niveau adéquat de protection aux citoyens européens, après qu’un comité composé de représentants des Etats membres ait été consulté. (Par Maitre Antoine Chéron, avocat spécialisé en propriété intellectuelle et NTIC, fondateur du cabinet ACBM)

Au sujet de l'auteur
Damien Bancal (damienbancal.fr) est un expert internationalement reconnu en cybersécurité. Il a fondé le projet Zataz en 1989. ZATAZ.com est devenu une référence incontournable en matière d'information sur la sécurité informatique et les cybermenaces pour le grand public. Avec plus de 30 ans d'expérience, Damien Bancal s'est imposé comme une figure majeure dans ce domaine, contribuant à la sensibilisation et à la protection des internautes contre les cyberattaques. Sa carrière est marquée par une forte implication dans l'éducation à la cybersécurité, notamment à travers des conférences et des publications spécialisées. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages (17) et articles (plusieurs centaines : 01net, Le Monde, France Info, Etc.) qui explorent les divers aspects du piratage informatique et de la protection des données. Il a remporté le prix spécial du livre du FIC/InCyber 2022. Finaliste 2023 du 1er CTF Social Engineering Nord Américain. Vainqueur du CTF Social Engineering 2024 du HackFest 2024 (Canada). Damien Bancal a également été largement reconnu par la presse internationale dont le New York Times, qui souligne non seulement son expertise mais aussi son parcours inspirant. Par exemple, un portrait de La Voix du Nord le décrit comme "Monsieur Cybersécurité", soulignant son influence et son rôle essentiel dans ce domaine. Enfin, il figure parmi les personnalités les plus influentes dans la cybersécurité, comme le souligne Le Big Data, et a été classé parmi les 500 personnalités tech les plus influentes en 2023 selon Tyto PR. Chroniqueur TV et Radio (France Info, M6, RTL, Medi1, Etc.) Volontaires de la réserve citoyenne - Gendarmerie Nationale et de l'Éducation Nationale. Médaillé de la DefNat (Marine Nationale) et de la MSV (Gendarmerie Nationale). Entrepreneur, il a lancé en 2022 la société veillezataz.com.

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