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Streaming séries tv : arrestation de plusieurs pirates français

La police judiciaire interpelle sept pirates français, adeptes de streaming séries TV. L’administrateur gérait 12 sites de diffusions illicites. Une première en France, il hébergeait lui-même plus de 2 millions de fichiers.

L’ALPA, la SACEM et le laboratoire d’investigation opérationnel du numérique de la police judiciaire de Dijon (le LION) viennent de taper fort à l’encontre de plusieurs sites français spécialisés dans le streaming de séries TV. Des diffusions illicites via 12 sites (series-en-streaming.tv, seriefr.eu, seriefr.xyz, full-stream.ws, dpstream.co …) Originalité de cette nouvelle affaire, l’administrateur était aussi l’hébergeur des fichiers. Plus de 2 millions de fichiers (plus de 500 séries) « cachés » via Cloudflare aux Pays-Bas et en Suisse. Caché étant un grand mot, des traces de l’individu se retrouvent, entre autres, sur Facebook et Twitter.

Le « boss » de ce business, un étudiant en informatique de 22 ans. Originaire de de Besançon, il était à la tête de 12 sites de streaming. Une petite constellation pour espérer effacer ses traces et démultiplier les profits. A chaque diffusion d’une série importante, Game of Thrones en tête, il créait un site dédié.

Il se rémunérait par la publicité via plusieurs régies publicitaires (Israël, Estonie, Espagne) dont certaines très connues pour être peu regardantes sur les sites diffuseurs de leurs annonces… et encore moins sur le contenu des annonces (faux logiciels, faux services techniques, …). Des régies qui continuent d’ailleurs à diffuser des publicités pour des produits malveillants comme pour des entreprises ayant pignon sur rue.

Le genre de publicités diffusées ! Attention, danger ! Code malveillant.

Plusieurs centaines de milliers d’euros

L’autre « finesse » de ce business, l’administrateur payait les gros « fournisseurs » de séries. Les « uploaders », ceux qui mettaient à disposition des copies. Six d’entre eux, dont au moins une femme, ont été arrêtés à Montpellier, Rennes et Strasbourg. Ils touchaient de l’argent pour leur participation.

D’après des informations de ZATAZ, certains de ces diffuseurs ont pu amasser plusieurs milliers d’euros par an via Paypal et en Bitcoin. Un de ces contributeurs, basé à l’étranger, aurait pu culminer à plus de 10 000€. L’autre moyen de se payer, le minage de cryptomonnaie via les ordinateurs de chaque visiteur. La justice a saisi 8 bitcoins (+62 000 euros le jour de l’écriture de l’article). La somme a été saisie par l’Agrasc, l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués.

« Médiamétrie a pu nous permettre de connaître l’audience du site principale, me souligne Frédéric Delacroix, Délégué général de l’ALPA. Il pouvait atteindre 700 000 visiteurs uniques par mois« .

Quelques plaintes à l’encontre du site. Google a déréférencé !

15% de l’audience globale était Française

Le Procureur de la République de Besançon, Etienne Manteaux, dans un communiqué de presse explique que l’étudiant a touché plus de 200.000 euros de revenus publicitaires entre 2017 et 2019. (Le site est apparu en 2015 selon Archive.org). Le business courait depuis au moins 2014.

A noter que le facteur aggravant de bande organisée a été pris en compte par la justice. La peine risque d’être salée : 750 000 euros d’amende. Les dommages et intérêts, même s’ils sont plus symboliques qu’autre chose, seront l’autre message fort à destination des pirates. Jugement, le 13 novembre 2019. « Un excellent travail des autorités spécialisées » se félicite la SACEM.

Selon l’ALPA, le nombre d’utilisateurs pirates s’élève à 12 millions en 2017

En deux ans, il a baissé de 2 millions passant de 14 millions à 12 millions. Un résultat dû aux actions judiciaires. Malgré la multiplication des offres et des sites disponibles sur Internet, la piraterie reste très concentrée. Un petit nombre de sites est à l’origine d’une grande partie de l’accès illégal aux œuvres en France.

L’ALPA a référencé plus de 2.000 sites comme étant dédiés à la piraterie. Le top 20 de ces sites concentre plus de 80% de la consommation totale. Plus de la moitié des internautes pirates accède à des contenus illégaux à partir de 5 sites uniquement.

Près de la moitié des séries consommées illégalement sur internet (44%) sont disponibles sur les chaînes gratuites. Le prix de l’abonnement ou du paiement à l’acte n’apparaît pas, dans ce cas précis, être un facteur déterminant de consommation illégale. L’accès rapide au contenu semble privilégié par les utilisateurs.

ZATAZ a pu constater que Google a reçu plusieurs dizaines de plaintes à l’encontre des liens diffusés par Seriefr.eu (144). Autant pour les autres sites.

Au sujet de l'auteur
Damien Bancal (damienbancal.fr) est un expert internationalement reconnu en cybersécurité. Il a fondé le projet Zataz en 1989. ZATAZ.com est devenu une référence incontournable en matière d'information sur la sécurité informatique et les cybermenaces pour le grand public. Avec plus de 30 ans d'expérience, Damien Bancal s'est imposé comme une figure majeure dans ce domaine, contribuant à la sensibilisation et à la protection des internautes contre les cyberattaques. Sa carrière est marquée par une forte implication dans l'éducation à la cybersécurité, notamment à travers des conférences et des publications spécialisées. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages (17) et articles (plusieurs centaines : 01net, Le Monde, France Info, Etc.) qui explorent les divers aspects du piratage informatique et de la protection des données. Il a remporté le prix spécial du livre du FIC/InCyber 2022. Finaliste 2023 du 1er CTF Social Engineering Nord Américain. Vainqueur du CTF Social Engineering 2024 du HackFest 2024 (Canada). Damien Bancal a également été largement reconnu par la presse internationale dont le New York Times, qui souligne non seulement son expertise mais aussi son parcours inspirant. Par exemple, un portrait de La Voix du Nord le décrit comme "Monsieur Cybersécurité", soulignant son influence et son rôle essentiel dans ce domaine. Enfin, il figure parmi les personnalités les plus influentes dans la cybersécurité, comme le souligne Le Big Data, et a été classé parmi les 500 personnalités tech les plus influentes en 2023 selon Tyto PR. Chroniqueur TV et Radio (France Info, M6, RTL, Medi1, Etc.) Volontaires de la réserve citoyenne - Gendarmerie Nationale et de l'Éducation Nationale. Médaillé de la DefNat (Marine Nationale) et de la MSV (Gendarmerie Nationale). Entrepreneur, il a lancé en 2022 la société veillezataz.com.

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  1. Ninjaw P.B. Reply

    Encore une erreur, ou une formulation tendancieuse peu claire : « Il hébergeait lui meme 2 millions de fichiers » ? c’est à dire ? il avait un serveur ? les fichiers était chez lui ? la réponse est non bien sur: le « lui même » est de trop.
    Et la nuance pourrait avoir son importance, il faut savoir qu’heberger du streaming ou du p2p en suisse est legal… à condition de le faire depuis chez soi. De meme le telechargement pirate est totalement legal en suisse.

    • Damien Bancal Reply

      Bonjour,

      Il hébergeait lui même les fichiers sur des serveurs qu’ils louaient et administraient chez des hébergeurs Suisse et Néerlandais. Il n’était pas SUISSE.

      Petit rappel sur la loi SUISSE concernant le téléchargement d’œuvres protégées par le droit d’auteur à partir de sources illicites.

      La Suisse ne punit pas la copie, contrairement à la mise à disposition d’une copie via le P2P en SUISSE est illégale car, qui dit copie via le P2P, dit partage avec des « inconnus ».
      https://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/19920251/index.html

      Il n’y a pas de poursuite, la loi SUISSE interdit de monitorer et collecter des données personnelles d’un SUISSE.

      La loi sur le droit d’auteur (LDA) permet depuis 2010, pour un SUISSE, le téléchargement d’une œuvre protégée par le droit d’auteur. Une copie pour un usage privé (article 19).
      Cela énerve d’ailleurs fortement les américains qui ont mis la Suisse dans les pays à « surveiller », un comble :
      https://ustr.gov/about-us/policy-offices/press-office/press-releases/2016/april/ustr-releases-special-301-report

      Le Tribunal Fédéral estime que la protection de la sphère privée de l’internaute SUISSE est plus importante que le droit d’auteur.
      Une SUISSE peut donc aussi partager l’œuvre copier dans le cadre familial (parents/amis), mais ni en streaming ou P2P ouverts à tous.
      https://www.swissinfo.ch/fre/economie/propri%C3%A9t%C3%A9-intellectuelle_la-suisse-un-paradis-pour-les-petits-et-les-grands-pirates-du-web/42759478

      Pour finir, « De meme le telechargement pirate est totalement legal en suisse. » est donc une mauvaise formulation pour la SUISSE, l’acte n’étant pas répréhensible par la loi SUISSE, pour un SUISSE.

  2. Tdh Reply

    « Médiamétrie a pu nous permettre de connaître l’audience du site principale »

    Depuis quand Médiamétrie est capable de mesurer l’audience d’un site qu’elle ne maîtrise pas ?

    Pour info, une vilaine faute : « Un de ces contributeurs, basait à l’étranger »

    • Damien Bancal Reply

      Bonjour,
      A première vue, Mediametrie est capable de cartographier/chiffrer ce genre d’information.
      Merci pour la faute 🙂

  3. Alexandre Reply

    « L’autre « finesse » de ce business, l’administrateur payait les gros « fournisseurs » de séries. Six d’entre eux, dont au moins une femme, ont été arrêtés à Montpellier, Rennes et Strasbourg. Ils touchaient de l’argent pour leur participation. »

    Quand vous dites « fournisseurs de séries » vous parlez d’uploadeurs qu’il payait ? Dans ma première lecture j’ai cru qu’il payait des gens travaillant dans des boites de productions/diffusion de séries !?

    Merci d’avance, bon article 🙂

    • Damien Bancal Reply

      Bonjour,
      Effectivement, article corrigé pour plus de lisibilité.
      Merci

  4. David Bernard Reply

    56% des séries n’ont pas d’offres légales

    le trône de fer, avec sa scène d’inceste au début, ou breaking bad avec son prof dealer, sans le « piratage »…

    Le terme « piratage » permet d’occulter une dimension culturelle, de libre accès à des diffusions qui ne peuvent pas
    exister commercialement, immédiatement du moins. Les « bonnes » séries se vendent forcément et si elles ne se vendent pas, elles sont « mauvaises », elles sont « pirates ».

    Si les séries sont vieilles, elles peuvent être « pirates » aussi.

    Le commerce a une auto-censure, et ici, elle obtient le soutient de l’état, pour faire disparaitre, ou tenter de, 56% d’un patrimoine culturel.

    ça me fait pénsé au cd par rapport aux cassettes audio, simples à copier, échanger, simples à faire barouder aussi. Le résultat culturel, même commercial, m’a pas semblé au top.

    S’il n’y avait pas d’humour dans ce 44% présenté (insinué plutôt je dirais) comme majoritaire sur les 56% restant, je trouve que l’article pèche un peu par manichéisme : les « gentils » ont gagné, vraiment ?

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