Des pirates s’attaquent à la Cour Internationale de Justice

Vendredi, la Cour pénale internationale (CPI) a lancé un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine. En réponse, un pirate lance, samedi, une cyberattaque contre la Cour Internationale de Justice (CIJ). Il s’est trompé d’une lettre !

Après s’être attaqués à la Suède et au Danemark à la suite de propos et d’actes racistes d’un sombre membre de l’extrême droite locale, les hacktivistes du groupe Anonymous Soudan se sont attaqués au site de la Cour Internationale de Justice (CIJ). Pourquoi ce groupe non officiel, Anonymous, le collectif Anonymous ayant rejeté l’affiliation il y a peu, peut-il passer de la lutte contre des individus qui ont bafoué l’Islam et lancer une attaque DDoS (Déni Distribué de Service) contre la CIJ – ICJ ? Ils ont confondu avec la CPI, la Cour pénale internationale.

La CPI est une juridiction pénale internationale. Elle vient d’émettre un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine, président de la Russie. Il a été jugé responsable des crimes de guerre en Ukraine. Un second mandat a été lancé à l’encontre de Maria Alekseyevna Lvova-Belova, la commissaire présidentielle aux droits de l’enfant en Russie. Ils sont accusés d’avoir déplacé plus de 16 000 enfants ukrainiens en Russie. Ils expliquent vouloir protéger les enfants de la guerre.

Vladimir Poutine est présumé responsable du crime de guerre de déportation illégale de population et de transfert illégal de population : 16 000 enfants.

En conséquence, le groupe Anonymous Soudan a répondu à ces mandats d’arrêts par une attaque DDoS contre le site web de la Cour internationale de justice (icj-cij.org) dans la matinée de ce 18 mars. Prouvant leur affiliation avec les groupes d’hacktivistes pro-russes tels que Killnet.

Trois heures auparavant, Anonymous Soudan avait lancé des DDoS à l’encontre du Ministère de la Justice Française, du Ministère de l’Education, et pour la seconde fois, contre l’ANSSI.

Un peu de culture, ça ne fera pas de mal !

Créée en 2002 par le Statut de Rome, la CPI a été validée par 123 États. Elle a compétence pour enquêter et poursuivre les individus, y compris les chefs d’État et les responsables militaires, qui ont commis des crimes graves relevant de sa juridiction, dans les États parties au Statut de Rome ou sur leur territoire, ainsi que dans les pays qui ont accepté la juridiction de la CPI. La CPI a rendu plusieurs décisions importantes depuis sa création, notamment les condamnations de Thomas Lubanga Dyilo et Germain Katanga pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en République démocratique du Congo, et de Jean-Pierre Bemba pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en République centrafricaine. La CPI a également ouvert des enquêtes sur d’autres crimes graves dans différents pays, notamment en République centrafricaine, en Libye, en Côte d’Ivoire, au Soudan, au Darfour, en Ouganda et en République démocratique du Congo. Ces enquêtes ont abouti à plusieurs arrestations et poursuites.

La Cour pénale internationale (CPI) a ouvert plusieurs enquêtes sur les crimes commis au Soudan, en particulier dans la région du Darfour. En 2005, le Conseil de sécurité des Nations unies a saisi la CPI de la situation au Darfour en vertu de l’article 13(b) du Statut de Rome, qui permet au Conseil de saisir la CPI des crimes relevant de la compétence de la Cour, même si le pays concerné n’est pas partie au Statut. Il est à noter que le Soudan ne reconnaît pas la compétence de la CPI.

Parmi les personnes recherchées figure l’ancien président Omar al-Bashir. Arrêté en 2019, après avoir été renversé par un coup d’État militaire, il a été condamné (en local) à deux ans de prison pour corruption, mais les accusations de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide n’ont pas été abordées.

La Cour internationale de justice (CIJ) est quant à elle le principal organe judiciaire des Nations unies. Elle a pour mission de régler les différends juridiques entre les États et de donner des avis consultatifs sur des questions juridiques soulevées par l’Assemblée générale ou le Conseil de sécurité des Nations unies. La Cour internationale de justice est également appelée la Cour mondiale ou la Cour de La Haye, car elle est située à La Haye, aux Pays-Bas. Elle a été créée en 1945 et est composée de 15 juges élus pour des mandats de neuf ans.

Contrairement à la CPI, la Cour internationale de justice ne juge pas les individus pour des crimes. Elle se concentre plutôt sur les différends juridiques entre les États, tels que les litiges territoriaux, les différends relatifs aux frontières maritimes, les questions de droit international humanitaire, les questions de droit international de l’environnement et les différends relatifs aux droits de l’homme.

Les Etats-Unis ont également eu à faire à la CPI. Sous l’ex-présidence Trump, la Maison blanche avait annoncé des sanctions économiques à l’encontre de tout responsable de la Cour pénale internationale qui souhaiterait poursuivre des militaires américains. A l’époque, La Haye avait ouvert une enquête concernant, entre autres, les crimes commis en Afghanistan par les forces américaines dans la guerre engagée en 2001.

Le pirate ne fait pas allusion aux jugements de la CIJ, en 2010 et 2012, condamnant le Soudan d’avoir violé le droit international en fournissant un soutien à des groupes armés tchadiens, en menant des attaques transfrontalières ou encore la délimitation des frontières entre le Soudan et le Sud-Soudan.

Au sujet de l'auteur
Damien Bancal - Fondateur de ZATAZ.COM / DataSecurityBreach.fr Travaille sur les sujets High-tech/Cybercriminalité/Cybersécurité depuis 1989. Gendarme réserviste - Lieutenant-Colonel (RC) ComCyberGend. Fondateur du Service Veille ZATAZ : https://www.veillezataz.com En savoir plus : https://www.damienbancal.fr

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