Fraude aux présidents : premières arrestations

Le secret était un secret de polichinelle. Plusieurs pirates, adeptes de la fraude au président, évoluent à partir d’Israël. Neuf de ces escrocs viennent d’être arrêtés.

Depuis plusieurs années, la fraude au président fait de gros dégâts dans les rangs d’importantes sociétés. En France, un parc aquatique (Nausicaa), mais aussi des boucheries industrielles, des banques, Coca Cola, Nestlé, KPMG, Malakoff-Médéric, Michelin, le Printemps, LVMH, Vinci, Total, Brevini, Areva, le cabinet d’avocats Baker & McKenzie, Finder France, SAM, Abuba, Cooper Standard, Vallourec, Sonia Ryckiel, Dargaud, Seretram… ont été visés par ce type d’arnaque. L’attaque, baptisée aussi Fraude au virement international (Fovi), aurait touché 55% des entreprises françaises (Source : MinInt) depuis 5 ans. L’idée des voleurs, faire un environnement global de leur cible. Trouver les interlocuteurs adéquats, connaitre leur agenda, leurs collaborateurs, … et s’arranger pour se faire virer de l’argent sur des comptes en Belgique, Ukraine, Lettonie. De l’argent qui finit sa course dans des banques, en Chine. Des attaques fines, réfléchies. Un exemple, réussir à convaincre un service comptable de payer plusieurs centaines de milliers d’euros… au moment où le responsable est dans un avion, injoignable.

Derrière ces attaques, des pirates « invisibles ». Un secret de polichinelle pour ceux qui enquêtent et suivent ces voleurs du XXIe siècle. La plupart sont basés en Israël. Certains seraient même des proches de l’escroquerie à la taxe Carbonne. Une fraude qui aurait coûté 5 milliards d’euros aux entreprises européennes (source : Europol).

Pour la fraude au président, 700 enquêtes en 5 ans (De quoi rendre dingue la Brigade des fraudes aux moyens de paiements) et 250 millions volés depuis 2010 (source OCRGDF).

Les premières véritables arrestations viennent de débuter

Les premières arrestations viennent d’avoir lieu en cette mi février 2015. Elles concernent la fraude qui a touché le club de football de l’Olympique de Marseille (OM). Deux hommes (50 et 34 ans) ont été arrêtés à Tel-Aviv. R.B. et T.B. ont été arrêtés sur le chef d’accusation d’escroquerie. La Cour du district de Tel-Aviv parle de deux maillons « d’un réseau qui aurait détourné plusieurs millions d’euros au détriment d’entreprises françaises« . Ils auraient volé 756.000 euros à l’OM contre le transfert de faux joueurs. Ils sont poursuivis pour « complot en vue de commettre un crime, fraude avec circonstances aggravantes, transactions frauduleuses, usurpation d’identité, destruction de preuves et obstruction à la justice ». Il semble que 7 autres « suspects » ont été arrêtés, à la demande de la France, par l’Unité nationale des enquêtes internationales israéliennes.

Une arnaque pour gogo ? Malheureusement non ! Les voleurs ont de l’aplomb, prennent le temps d’enquêter sur leur cible. Heureusement, ils ne gagnent pas à tous les coups. Pour preuve, le Palais de l’Elysée à contrer un Fovi, en 2011, lancé par un faux responsable d’Air France. Il a tenté de récupérer deux millions d’euros. Le pirate avait réussi à mettre la main sur le compte bancaire de la présidence de la république française. L’Agence nationale des Chèques Vacances (ANCV) avait été allégée, en 2011, de 990000 euros via la Caisse des dépôts.

Mise à jour : Le service presse de Malakoff-Médéric nous fait savoir que l’entreprise n’a pas été victime d’une escroquerie au Président « des salariés vigilants ont déjoué en temps et en heure, une tentative d’escroquerie« .

Au sujet de l'auteur
Damien Bancal (damienbancal.fr) est un expert internationalement reconnu en cybersécurité. Il a fondé le projet Zataz en 1989. ZATAZ.com est devenu une référence incontournable en matière d'information sur la sécurité informatique et les cybermenaces pour le grand public. Avec plus de 30 ans d'expérience, Damien Bancal s'est imposé comme une figure majeure dans ce domaine, contribuant à la sensibilisation et à la protection des internautes contre les cyberattaques. Sa carrière est marquée par une forte implication dans l'éducation à la cybersécurité, notamment à travers des conférences et des publications spécialisées. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages (16) et articles (plusieurs centaines : 01net, Le Monde, France Info, Etc.) qui explorent les divers aspects du piratage informatique et de la protection des données. Il a remporté le prix spécial du livre du FIC/InCyber 2022. Médaille d'argent du 1er CTF Social Engineering Canadien, en 2023, lors du HackFest de Québec. Damien Bancal a également été largement reconnu par la presse internationale dont le New York Times, qui souligne non seulement son expertise mais aussi son parcours inspirant. Par exemple, un portrait de La Voix du Nord le décrit comme "Monsieur Cybersécurité", soulignant son influence et son rôle essentiel dans ce domaine. Enfin, il figure parmi les personnalités les plus influentes dans la cybersécurité, comme le souligne Le Big Data, et a été classé parmi les 500 personnalités tech les plus influentes en 2023 selon Tyto PR. Chroniqueur TV et Radio (France Info, M6, RTL, Medi1, Etc.) Volontaires de la réserve citoyenne - Gendarmerie Nationale et de l'Éducation Nationale. Médaillé de la DefNat (Marine Nationale) et de la MSV (Gendarmerie Nationale). Entrepreneur, il a lancé en 2022 la société veillezataz.com.

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  6. bobdeluxe Reply

    Israël n’extrade pas ses ressortissants. Alors la France peut toujours courir pour attraper les malfrats.

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